Rencontre 1
Une avancée dans l’océan aménagée en promenade et jardins, limite nord du chef-lieu de l’île, c’est là que je dois la rencontrer. Neuf heures trente, une de ces matinées où je peux me « libérer », les ombres des palmiers s’étirent encore. J’attends, dans une de ces zones abritées de la lumière.
L’une de celles que je cherchais avait enfin répondu à une de mes annonces. Elle acceptait de voir d’abord si le jouet que je me proposais d’être était à son goût. Son message m’avait électrisé, affolé. A chaque échange pour mettre au point cette rencontre, l’émotion s’intensifiait.
Et là, aujourd’hui, je suis hors de la réalité. Absorbé par les images qui me submergent, comment serait-elle ? Elle avait exigé des photos où je devais poser nu, dans diverses positions précises : de face bien sûr, sexe au repos puis après masturbation ; de dos, fesses fermées et fermes, puis ouvertes ; à genoux, le cul bien relevé avec vu sur le trou et les couilles. Les séances où je prenais toutes ces postures demandées explicitement m’excitaient terriblement. Mais je n’avais eu aucune photo d’elle. C’était une de ses conditions pour la rencontre. Aucun indice sur lequel mon imagination pouvait s’appuyer. Peut-être n’existait-elle pas ? Peut-être étais-je le jouet d’un affabulateur, pire, d’un plaisantin ? Peut-être déciderait-elle de ne pas venir ?
Un foulard de tissu noir dépasse de la poche gauche de mon pantalon. Elle doit m’identifier ainsi, les photos envoyées étant, avec son accord, sans visage.
Neuf heures quarante, dix minutes d’espoir évanouies.
Des femmes passent, ménagères, minettes, élégantes, certaines qui auraient pu… mais filent sans me voir. Inquiétude, anxiété, accablement…
Puis au bout de l’allée, une silhouette à contre-jour. Elle avance résolument dans ma direction. Les pas assurés sur talons hauts tendent la jupe noire d’un côté puis de l’autre au-dessus des genoux tandis que le buste reste ferme, droit, dans un chemisier flou. Elle n’est pas mince mais élégante. Les racines grises de ses cheveux, certains traits marqués autour des yeux et de la bouche annoncent la cinquantaine.
Depuis le début, son regard ne m’a pas quitté. Ses yeux gris détaillent l’objet que je suis. Tout dans son visage est mépris mais aussi désir. Elle m’imagine déjà dans les situations qu’elle m’imposera, c’est ce que traduit probablement cette esquisse de sourire ironique. J’ai renoncé à toute autonomie, toute forme de résistance. Une onde me parcourt le sexe, les couilles, provoque ce fourmillement qui décontracte l’anus. Je ne suis plus qu’un corps pour elle.
« Bonjour Madame. » C’était ainsi que je l’appelais dans nos messages.
« Suis-moi, comme un chien. »
Le bonheur commence. Les globes de son cul ondulent au rythme de la marche. La queue bridée par mon jean, la raie en chaleur, je la suis ainsi, pantelant, jusqu’à sa voiture.
A suivre…